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Ces immigrés qui quittent la Russie

Ces immigrés qui quittent la Russie

La Russie compte environ 11 millions de travailleurs étrangers, dont près de 7.5 sont issus des anciennes Républiques Soviétiques situées en Asie Centrale. Ils viennent en majorité d’Ouzbékistan, du Tadjikistan, ou encore du Kirghizistan, et visent toujours les grandes villes, en particulier Moscou.

Au banc de la société

Les immigrés font le travail dont les Russes ne veulent pas : ils vendent les billets dans les bus, balayent les rues, travaillent à la caisse.
Les migrants Asiatiques n’ont pas la vie facile en Russie. Discriminés, ils sont fréquemment victimes de violences, et parfois même impunément tués. Leurs droits fondamentaux ne sont pas respectés, car ils travaillent au noir. Certains chiffres officiels visent même à gonfler le nombre de faits divers les impliquant afin de pouvoir continuer à les stigmatiser, et ainsi faire perdurer la situation.

Les organisations d’aide aux travailleurs immigrés sont les premiers témoins de leurs tristes conditions d’existence. Le Comité de Soutien Citoyen voit arriver des dizaines de migrants et de réfugiés par jour. Ces derniers se plaignent le plus souvent de ne pas avoir été réglés depuis des mois. Pire, des cas d’esclavage sont aussi à noter. Selon les estimations du Département d’Etat américain en 2013, jusqu’à 130 000 personnes (en majorité venues de l’étranger) seraient gardées de force et obligées à travailler dans la région de Moscou.

Auparavant, les migrants acceptaient ces difficultés car ils pouvaient gagner dans la capitale jusqu’à 5 fois plus que dans leur pays d’origine.

De la chute du rouble à l’exode

Mais, depuis, la chute vertigineuse du rouble en cette fin d’année 2014, le danger potentiel représenté par cette émigration est devenu trop grand, et les risques ne sont plus payants. Selon les chiffres de l’Office Fédéral de l’Immigration local, lors de la première semaine de l’année 2015, la frontière russe a été traversée par 70% d’étrangers en moins que l’année dernière à la même période.

Les représentants des organisations défendant les droits des immigrés tiraient déjà la sonnette d’alarme à la fin du mois de décembre, lorsqu’un dollar valait entre 45 et 50 roubles. Le cours de la monnaie paraissait alors déjà fortement inapproprié aux besoins de ces migrants, qui envoient le plus souvent leur argent en dollars à leur familles.

Karomat Chapirov, représentant de l’organisation des Travailleurs Tadjiks Emigrés déclarait alors :

Un migrant peut maintenant gagner autant que chez lui en Russie. Et surtout, il n’a pas besoin de louer d’emplacement dans lequel peut à tout moment rentrer un policier qui pourrait lui reprocher que son lieu de villégiature (la loi locale oblige en effet les étrangers se rendant en Russie à prouver qu’ils ont un endroit où habiter) se trouve ailleurs. Il n’y a pas de peur de la déportation.

Aujourd’hui, la situation ne fait que s’aggraver, à la date du 12 janvier, 1 dollar valait déjà 63 roubles. Comme le soulignait il y a à peine 2 semaines Charipov, près de la moitié des Tadjiks (soit 1.2 millions de personnes) devrait rapidement rentrer au bercail, et surtout ne pas revenir en Russie.

Constantin Romodanovski, dirigeant de l’Office Fédéral de l’Immigration, confirme ainsi que le nombre de personnes en provenance d’Asie Centrale a considérablement baissé. Mais il souligne aussi que les places laissées vacantes ne le resteront pas longtemps.

Romodanovski constate ainsi un afflux important de personnes venues d’Ukraine et de Moldavie:

Le nombre d’Ukrainiens a augmenté considérablement. On assiste à une sorte de remplacement. Le nombre de citoyens Chinois et issus de Corée du Nord a lui aussi augmenté.

Un sombre jeu de chaises musicales ne fait donc que commencer.

A propos de l'auteur

Victor Raniszewski

Diplômé d’un Master d’Histoire, je suis un passionné de l’actualité internationale en général, avec une préférence pour l’Europe de l’Est, ses peuples et ses cultures.

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