
Detroit : un stade symbole d’une ville ruinée

Le stade Silverdome de Detroit, autrefois prisé pour les plus grands évènements sportifs et culturels, n’est plus qu’un tas de ruine. Il se fond dans le décor d’une ville délabrée, qui était pourtant l’une des plus puissantes des Etats-Unis.
Toit effondré, inondations, rouille, le stade Silverdome de Detroit, dans le Michigan, s’apparente à une épave gigantesque. Inaugurée en 1975, l’arène était l’une des plus impressionnantes des Etats-Unis, avec une capacité de plus de 80.000 places. Les Detroit Lions, l’équipe de football américain de la ville évoluant en NFL, y disputaient leurs matchs. Les plus grands de la chanson y ont en outre donné des concerts ; Elvis Presley, Bruce Springsteen, les Rolling Stones ou encore Michael Jackson.
En 2002, le Ford Field, situé au centre-ville de Detroit, devient le nouveau stade des Lions. Sa position géographique arrange les supporters, le Silverdome se trouvant dans la banlieue nord de la ville. Malgré les efforts des autorités pour que le stade puisse accueillir d’autres évènements, il a progressivement été laissé à l’abandon. En 2009, le Silverdome a été racheté par l’entreprise Triple Investment Properties dans le but d’être transformé en stade de foot, l’effondrement de son toit en 2013 a toutefois mis fin à tout espoir de rénovation.
Le reporter Johnny Joo a eu accès à l’intérieur du Silverdome, voici ce qu’il a pu y observer:
Autrefois tremplin de l’économie américaine
A l’instar de son stade, une grande partie de Detroit possède désormais une allure de ville fantôme. Elle était pourtant le berceau de l’industrie automobile américaine, notamment grâce aux constructeurs Ford, General Motors et Chrysler. Au début du XXème siècle, de nombreux travailleurs s’y sont rendus en raison d’un besoin de main d’oeuvre en forte augmentation. Detroit est ainsi devenue la quatrième ville des Etats-Unis. Cet afflux de population a poussé les autorités à fortement investir dans le but de se développer.

© FlickR / Jimmy Emerson, DVM
Dans les années 60, la délocalisation et l’arrivée sur le marché de modèles automobiles étrangers moins couteux ont provoqué le déclin progressif de la ville, et ainsi entrainé le départ d’une partie importante de ses habitants. Comme l’indique Les Echos, la population de Detroit était de 2 millions en 1950, contre 700.000 aujourd’hui. Cet exode a fortement diminué les revenus fiscaux de la ville qui nécessitait des rentrées d’argent toujours plus importantes. Detroit est également en proie à de nombreux conflits raciaux. Dans les années 60, de nombreux Afro-Américains s’y sont rendus pour y chercher du travail, fuyant ainsi les Etats du sud réputés plus racistes.
Faillite
La crise économique de 2008 a sonné le glas pour la « Motor City ». En juillet 2013, elle est officiellement déclarée en faillite. Les conséquences pour ses habitants sont désastreuses. Le chômage y est de 16%, c’est deux fois plus que celui du Michigan. La ville possède également le deuxième plus haut taux de criminalité du pays, après la Nouvelle-Orléans.
Depuis le mois de novembre dernier, la ville semble cependant reprendre un nouveau souffle. Grâce à des donations privées et à l’Etat du Michigan, la justice a décidé de sortir Detroit de la faillite. Son décor n’en reste pas moins désolant, les zones désertées y sont innombrables. Tout comme le Silverdome, représentant autrefois la gloire d’une ville en plein essor, Detroit est aujourd’hui dans l’attente d’un nouveau départ, leur avenir paraît étroitement lié.