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La faune africaine vue par Dominique Haution et Laurent Renaud

La faune africaine vue par Dominique Haution et Laurent Renaud

Nous sommes partis à la rencontre de Dominique Haution et Laurent Renaud. Depuis 1982, ces deux enseignants de profession partent en moyenne deux fois par an photographier la faune africaine. Les parcs naturels et les réserves de la Tanzanie, du Kenya, de l’Afrique du Sud, du Botswana et de la Namibie n’ont plus de secret pour ce couple d’amoureux de l’Afrique. Ils se sont formés à la photographie sur le terrain. A chaque séjour, ils ramènent d’étonnantes images publiées dans de nombreux magazines en France et à l’étranger. L’instabilité politique des pays africains ne leur a pas permis d’envisager une installation définitive à l’étranger.
La vente de ces reportages, la réalisation de diaporamas dans certains lodges leur ont permis de voyager avec leurs deux filles Charlotte et Pauline pendant les vacances scolaires. Il leur arrive de partager entre amis certains voyages sur ces terres où les animaux vivent en totale liberté. Selon eux, les premières et les dernières heures de la journée sont les plus propices à la réalisation de belles images ; la lumière est meilleure et les animaux plus actifs.

Depuis quelques voyages, ils suivent plus particulièrement la vie d’une bande de lions dans la réserve du Masaï Mara au Kenya. Actuellement, les problèmes géopolitiques et sanitaires de l’Afrique n’incitent pas les touristes à se rendre sur place et le braconnage et la démographie galopante mettent en péril la vie sauvage…

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Étiez-vous déjà deux photographes avant de décider de partir en Afrique en 1982 ? C’est la photo qui vous a amené à l’Afrique ou l’inverse ? Et qu’est-ce qui vous a donné envie de photographier l’Afrique et sa faune ?

« Lors de notre rencontre, nous étions déjà l’un et l’autre enseignants et voyageurs – Laurent en Afrique de l’Ouest (deux ans passés au Niger en coopération militaire en tant qu’enseignant) et Dominique en Europe et au Proche-Orient.

Un voyage à deux en mode « routard » au Kenya nous a définitivement rendus accros à la savane. Les paysages africains et la richesse de la faune sont une source inépuisable d’opportunités photographiques. Si, au départ, la photographie était un plaisir personnel, bien vite est né le désir de partager nos images. »

Avec quel matériel travaillez-vous ? 

« Nous travaillons avec du matériel Canon : boîtiers 1dx et 7D, objectifs : 24-70, 100 – 400, et 500. Notre passion photographique est essentiellement africaine. »

En tant qu’enseignant de profession vous disposez tous deux des vacances scolaires pour exercer votre passion… Est-ce un vrai choix de vie ou un concours de circonstances qui vous a permis à la fois d’avoir un vrai métier et de vivre une vraie passion ?

« En tant qu’enseignants, la période des vacances scolaires offre des possibilités de voyages indéniables. Cependant, à quatre, c’est une passion très onéreuse. Il fallait trouver des solutions. Dans un premier temps, nous organisions des séances de projection de diapositives dans les lodges en Afrique. Cela permettait de diminuer le coût de l’hébergement.
Dans un deuxième temps, nous travaillions pour les parcs Kenyans de Shaba, Samburu et Buffalo Springs en réalisant des dépliants et en rendant de nombreux services aux rangers. C’était un moyen d’économiser les entrées de parc et cela nous permettait d’obtenir toutes les autorisations nécessaires pour photographier (possibilités de quitter les pistes, de rentrer plus tard ou de parcourir à pied, accompagnés d’un ranger bien sûr, des zones inaccessibles en 4×4).
Enfin, nous avons investi dans du matériel photographique semi-professionnel pour obtenir une qualité d’images indispensable à la publication de reportages. Après, nous avons démarché avec succès les revues et les magazines. »

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Vous dites dans l’Obs que l’insécurité et l’instabilité des pays que vous visitez ne vous incitent pas à faire le pas et vous y installer … Comment se traduit cette insécurité sur le terrain ? L’avez-vous déjà ressentie ?

« Durant nos nombreux séjours en Afrique, en couple ou accompagnés de nos filles, nous n’avons jamais pris de risques. Au début de nos voyages, nous avons visité des zones que nous avons évitées par la suite. Par exemple, nous ne sommes plus retournés dans l’extraordinaire réserve de Meru au Kenya, théâtre de plusieurs faits de braconnage et de banditisme. Idem pour le Turkana ou le désert du Sud Algérien. »

Après avoir photographié une grande partie de la faune africaine, les autres faunes du reste du monde ne vous attirent pas plus que ça ? Avez-vous d’autres projets de reportages, en Afrique ou ailleurs ? 

« Cette question nous est fréquemment posée. La réponse est simple : Nous ne nous lassons pas de l’Afrique. La faune (africaine) riche et diversifiée est facilement accessible pour celui qui en connaît les habitudes et les secrets. Les voyages en terrains connus sont aussi plus simples à organiser.

Par ailleurs, nous écrivons actuellement une série de photos-contes dont les héros sont les animaux de la savane africaine : Les contes de Rodin le babouin.

Dans le premier opus, nous avons créé un royaume imaginaire au cœur de l’Afrique « Le Savanaland ». Le deuxième opus, toujours dans le Savanaland, est dans sa phase finale de réalisation. Sa sortie est prévue pour novembre 2015. Le troisième aura peut-être pour héros des espèces d’autres continents… Pourquoi pas ? »

En 33 ans de photographie animalière, quel est votre meilleur et votre pire souvenir sur le terrain ?

« De nombreuses anecdotes ont ponctué nos safaris africains. Certaines sont mémorables. La plus terrible, surtout pour nous, s’est déroulée en août 1997. Nous étions en famille avec nos deux filles et partagions, avec un couple d’amis, un camp de brousse dans le Nord du Masaï Mara au Kenya. Ce jour-là, nous accompagnions nos amis vers la sortie du parc. Nos filles (6 et 13 ans à l’époque) attendaient notre retour au camp.
Puis le classique « coup de la panne ». Un incident mécanique nous contraint à rejoindre un lodge très éloigné de notre camp. Impossible de réparer, il faut faire venir une pièce de Nairobi. Aucun véhicule disponible dans le lodge, nous devons dormir sur place… Le téléphone portable n’était pas encore opérationnel en cette fin de siècle dans le Masaï Mara, impossible de contacter notre camp. Imaginez notre angoisse… Il fallut attendre le lendemain après-midi pour que Dom puisse retrouver les filles. Un matatu de brousse débordant de Masaïs lui servit de taxi. Surpris par une telle passagère, les locaux ne parlant que le Masaï lui réservèrent une place « confortable » à l’avant du camion. Un trajet épique de trois heures que Dom n’oubliera jamais.
Fourbue et en larmes, elle arrive au camp. Surprises par l’arrivée « originale » de leur maman, les filles ont du mal à comprendre son angoisse… Elles ne se sont jamais inquiétées, cuisinant avec l’aide de camp, dessinant ou réalisant d’étonnantes sculptures avec des os blanchis par le soleil… Notre plus grande satisfaction est d’avoir pu offrir à nos filles des souvenirs de vacances très atypiques. Les bons moments sont très nombreux, entre autres des rencontres humaines assez incroyables.
La fréquence de nos voyages nous a permis de créer des liens très riches avec certains kenyans, rangers et autochtones. Ainsi, nos filles ont découvert les villages authentiques du Nord Kenya, loin des sentiers battus, où les enfants et certains habitants n’avaient encore jamais vu de blancs. Elles ont aussi assisté à un mariage Samburu dans la pure tradition locale. Les femmes et les hommes avaient leur tenue de fête. Les chants et les danses sont gravés à jamais dans nos mémoires. Quant aux rencontres animalières, elles sont si nombreuses qu’il nous faudra un autre article pour vous les conter ! »

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Dans l‘Obs, vous expliquez que certains de vos reportages vous ont permis de financer les voyages de vos enfants pendant les vacances scolaires et donc de les amener avec vous sur le terrain… Est-ce un premier pas vers la passation de pouvoir ? Elles aussi ont attrapé le virus de la photographie de la faune africaine ?

« Nos filles ont adoré ces mois de partage en Afrique. Pauline en tant que Web designer travaille beaucoup sur l’esthétisme, l’image et le graphisme… Charlotte a un talent réel pour la photo et a attrapé le virus des voyages. Elle a été par deux fois « highly commended » dans la catégorie « jeunes » du concours international de photographie animalière de la BBC. »

Quelques clichés de leur dernier voyage au Kenya…

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Bibliographie

2004 : KENYA, espaces sauvages en Pays Samburu (Editions Cacimbo).
Il a reçu en 2004 le Grand Prix Chapitre-nature et le Prix Beau Livre du Salon du livre Chapitre-nature du Blanc (Indre). Il vient d’être réimprimé aux éditions Vilo.

2007 : Participation à la réalisation du second ouvrage de la collection : BOTSWANA, lumières d’un delta.

2010 : TANZANIE, le 3ème ouvrage de la collection toujours aux éditions Cacimbo

2014 : Le Roi du Savanaland – un conte pour les enfants de 4 à 104 ans – Editions CDP.
http://www.lrdh-photo.com/
https://www.facebook.com/dometlaurent

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