
Medium.com: La dernière création des fondateurs de Twitter

Evan Williams et Biz Stone avaient habitué les internautes au format court surtout porté sur l’instantanéité de l’expression. Les deux Américains ont en effet été à l’origine de ce fabuleux outil qui rend fou : Twitter, débarqué sur la planète web il y a une petite dizaine d’années. Ayant vu leur innovation devenir une entreprise florissante d’ampleur mondiale, ils se sont lancés il y a peu dans une nouvelle initiative dont l’objectif diffère radicalement de Twitter, voire même s’y oppose. Il s’agit de Medium.
Là où Medium se distingue, c’est la place que le site donne à l’écrit.
Medium est un média récent, et d’ailleurs encore un peu méconnu au niveau francophone. Il propose une plate-forme de publication accessible par tout internaute, depuis une inscription sur Facebook ou… ô surprise, Twitter. Et en trois clics on peut mettre sur Internet du contenu de différents types : texte, photo, vidéo. C’est donc une solution pour les bloggeurs de toute espèce à l’instar de WordPress ou de Tumblr.
Là où Medium se distingue, c’est la place que le site donne à l’écrit. Le lecteur, résumé par les études marketing à son caractère volatile et impatient, n’est pas considéré comme capable de survivre face à des blocs de texte et une mise en page simple. Et d’autant plus sur internet où le clic est facile, surtout pour en sortir. Ca ne gêne pas les sites de surcharger leur page de bannières et autres encarts publicitaires, par contre c‘est tout de suite trop lourd d’y intégrer du contenu rédactionnel étayé. Il faut donc obligatoirement agrémenter le texte d’images et d’éléments périphériques pour capter l’attention du visiteur. Une tendance à l’artifice qui produit parfois l’inverse : noyer le texte. L’exemple de Tumblr le montre, où l’écrit disparaît face aux contenus d’illustrations.
Medium répond quasiment par l’inverse à la mise en valeur de l’écriture. Le texte se trouve au premier plan justement par son dénuement. La page personnelle d’un inscrit est succinctement adaptable mais la structure reste la même pour tous. On peut ajouter une bannière et une image de format portrait pour permettre d’identifier son blog. Ce sont les seuls éléments à côté du contenu qui vont différencier les utilisateurs, en plus bien évidemment de l’adresse.
Il est possible d’y suivre des auteurs pour être informé des dernières publications, et d’être suivi pour donner de l’écho à ses travaux. On retrouve bien là une production des créateurs de Twitter.
Les publications bénéficient de toutes les options de texte, et même d’un habillage possible grâce à des images, mais constamment avec sobriété. Le texte peut s’établir sur fond d’une image importée comme peut tout à fait conserver son blanc cassé, choix de la plupart des utilisateurs. Des illustrations sont aussi publiables dans le corps même du texte, et de fait les dessinateurs souhaitant mettre rapidement en ligne leurs œuvres vont trouver chez Medium un lieu aussi adapté pour eux.
Néanmoins, c’est surtout à ceux qui écrivent que s’adresse Medium. L’une des spécificités du site est l’annotation. La pratique usuelle du net est de laisser à l’internaute la capacité de réagir à la publication en commentaire à la fin. Chez Medium chaque paragraphe peut faire l’objet d’une remarque de la part du visiteur, chose surtout vue parmi les cercles universitaires lors de travaux collaboratifs. Cela permet de soulever une idée ou une formulation en particulier et l’auteur voit directement de quoi il s’agit. Plus qu’un artifice, cette option rentre dans la logique d’un site qui fonctionne aussi comme un outil de réseau. Il est possible d’y suivre des auteurs pour être informé des dernières publications, et d’être suivi pour donner de l’écho à ses travaux. On retrouve bien là une production des créateurs de Twitter.
La mise en page minimaliste n’a pas le charme d’un vrai livre, ni l’illusion du confort d’une liseuse. Cela reste une adaptation assez inédite dans le rapport qu’entretient la toile avec le texte.
Le petit détail à signaler : la présence d’une évaluation du temps que prend la lecture de tel ou tel article. Parfois un internaute se voit bien vite abandonner une page sur internet, parce que la barre de défilement est plus longue qu’à l’accoutumée, parce que le texte fait trop « tartine» pour ses habitudes, parce que les yeux fatiguent. Sur Medium, même s’il s’agit d’une estimation et que la vitesse de lecture est très relative, on se rend compte que même un texte de plus d’une page word ne prend guère que quelques minutes à parcourir. Le comportement de consommateur qu’adopte parfois l’internaute sur le web est davantage une question d’habitude entretenue que d’un véritable manque de temps. Des habitudes et réflexes qu’il est peut-être tard pour changer, mais à propos desquelles Medium offre une possibilité de pauses.
N.d.A. : pour ceux qui souhaitent des exemples de publications francophones sur Medium, contacter l’auteur qui se fendra d’une bonne petite sélection des familles.