
La Serbie fait face à Srebrenica

Considéré comme étant l’un des plus grands massacres ayant eu lieu en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Srebrenica refait surface dans l’actualité. L’ex-Yougoslavie, rongée par la guerre de 1991 à 1999, cherche aujourd’hui à faire face à un passé le plus souvent sanglant.
Retour sur les faits
Suite au référendum du 29 février 1992, la Bosnie Herzégovine déclare son indépendance le 1er mars suivant et se détache de la Yougoslavie. Un peu plus d’un mois plus tard, le 6 avril, débute la Guerre de Bosnie, qui durera plus de trois ans, jusqu’aux accords de Dayton signés le 21 décembre 1995.
L’important mélange ethnique sur le territoire actuel couvert par la Bosnie Herzégovine, mêlant ainsi les Croates catholiques, les Bosniens musulmans, tous deux alliés contre les Serbes orthodoxes, créé une multiplication de tensions locales lors de cette période apocalyptique de guerre civile.
Peu avant la signature du traité de paix, l’armée des Serbes de Bosnie, sous l’égide de Ratko Mladic, s’empare de l’enclave bosnienne de Srebrenica après avoir procédé au siège de la ville, censée être protégée par les Casques Bleus (400 soldats néerlandais présents sur les lieux), et où se sont réfugiés des milliers de personnes dans le but de fuir les combats.
Entre le 11 et le 13 juillet 1995, des civils bosniens, des hommes âgés de 15 à 65 ans, sont exterminés par l’Armée de la République Serbe de Bosnie, mais aussi par les Scorpions, groupe paramilitaire de Serbie.
Les estimations du nombre de victimes sont encore inexactes, et sont estimées entre 6000 et 8000, tandis que d’autres sources mettent en avant le chiffre de 12 500.

Memorial de Srebrenica-Potocari © Flickr
Les rares survivants accusent encore aujourd’hui les responsables de ce massacre d’avoir utilisé des armes chimiques et biologiques, ce qui a par ailleurs renforcé la thèse du génocide chez certains observateurs.
Le bilan total des victimes de ce conflit s’élèverait à 63 994 Bosniens, 32 723 Serbes de Bosnie, et enfin 7 338 Croates.
Sur ces territoires où la mixité ethnique est omniprésente, les accords de paix aboutissent finalement à la création officielle de la Bosnie Herzégovine, mais coupée en 2 parties : la Fédération croato-bosnienne (51% du territoire, 65% de la population), et la République Serbe de Bosnie (49% du territoire, 35% de la population)
Une justice à retardement
Considéré comme un crime contre l’humanité par le Tribunal Pénal International, le traitement judiciaire du massacre de Srebrenica est loin d’être achevé.

Srebrenica © Flickr
Les 2 principaux dirigeants des Serbes de Bosnie de l’époque, Radovan Karadzic, 69 ans, ainsi que Ratko Mladic, arrêté en 2011, et âgé de 72 ans, sont actuellement jugés à la Haye, mais le tribunal a accusé 20 personnes en tout devant répondre de ces crimes.
La Serbie face à ses responsabilités
Mercredi 18 mars 2015, la police serbe a arrêté 7 autres personnes liées à Srebrenica. C’est un moment important dans l’évolution de Belgrade par rapport à ces événements. En effet, le pays aimerait suivre l’exemple de son voisin croate et ainsi rejoindre l’Union Européenne. Pour cela, il doit tout d’abord faire toute la lumière sur son passé, comme le résume fort justement le procureur serbe en charge de l’affaire, Bruno Vekaric :
La Serbie se trouve à un moment charnière, qui va lui permettre de faire face à son passé. Il faut souligner que c’est le premier cas où le parquet local s’occupe de meurtres de civils et de prisonniers de guerre à une échelle aussi massive.