
Le musée 2.0 : la galerie des œuvres volées

Ziv Schneider, une artiste israélienne basée à New York, propose un tout nouveau concept : permettre au public de visiter un musée virtuel. Il suffit de porter un casque de réalité virtuelle. L’objectif : avoir l’opportunité de découvrir ou redécouvrir des oeuvres d’art disparues.
Des œuvres d’art très prisées
Les œuvres concernées par cette exposition d’un genre nouveau ne sont autres que les œuvres et sculptures répertoriées dans les archives d’Interpol et du FBI. Le vol d’œuvres d’art touche tous les pays, et ce depuis toujours. Que les raisons soient politiques, géographiques ou socio-économiques, le trafic des biens culturels se caractérise de différentes manières. Il peut s’agir de vols, mais aussi d’excavations et de circulation illicites d’œuvres d’art, de changement illégal de propriétaire, d’usage de faux documents d’authentification, ou encore de circulation de biens culturels falsifiés. Souvent, ces oeuvres sont utilisées par les voleurs comme monnaie d’échange dans le cadre de trafic de drogue.
Pour parer à tous ces vols, de nombreuses mesures sont prises. Tout d’bord, les musées sont évidemment sensibilisés à la protection de leur patrimoine. L’ICOM (International Council Of Museums) invite donc le personnel des musées à utiliser de nouveaux outils leur permettant d’inventorier de manière stricte les oeuvres d’art. Cet organisme est également à l’origine de campagnes de sensibilisation, de programmes de formation destinés au personnel des musées, mais également de la police et de la douane. Malheureusement, ces dispositifs ne suffisent pas à éradiquer le phénomène.
Malgré ces précautions, les plus grandes oeuvres d’art restent la cible de voleurs. En 2012, notamment, sept tableaux avaient été dérobés. Parmi eux, un Picasso, un Matisse, et deux Monet. Le cambrioleur aurait profité d’une panne du système d’alarme pour s’introduire dans le musée de Rotterdam. Cet exemple n’est qu’un élément parmi beaucoup d’autres. Rien qu’en France, le nombre de vols commis s’élèverait à 6000 par an (soit environ 30 00 pièces).
L’idée de Ziv Scheider
Face à ces crimes, Ziv Schneider, une artiste israélienne, décide d’offrir aux amateurs d’art l’opportunité de contempler les oeuvres disparues. Pour cela, un dispositif de réalité virtuelle permet, à l’aide d’un casque, de déambuler dans les allées de son musée virtuel. Pour l’instant, trois collections sont disponibles. L’artiste israélienne a réalisé des collections portant tristement les noms de « Pillage de l’Irak », « Pillage de l’Afghanistan », et « Un historique des oeuvres volées ». Guidé par la voix d’un guide, c’est avec l’Oculus Rift posé sur la tête que le public déambule dans les allées virtuelles du musée, une manette à la main.
Pour l’instant, cette exposition virtuelle n’est pas encore disponible sur internet, mais l’artiste y travaille. Au regard du grand nombre d’oeuvres d’art disparues, Ziv Schenider se lance dans un travail de longue haleine. Plus qu’un acte au service de l’art, cette exposition permet également au grand public de se représenter l’ampleur de ces actes de malveillance. De plus, cela souligne clairement une volonté d’exprimer la frustration de ne pouvoir contempler les oeuvres de ses propres yeux.
A la recherche des oeuvres d’art
Depuis 1947, Interpol a mis en place un catalogue répertoriant toutes les oeuvres d’art volées. Cet outil permet à la police, mais aussi aux détenteurs d’objets culturels (ayant des droits d’accès spéciaux), de suivre l’évolution de ce catalogue. Par ailleurs, le public a accès à certaines informations, notamment un listing d’oeuvres d’art retrouvées mais non réclamées par leur propriétaire. En France, c’est L’OCBC (Office Central de lutte contre le trafic des Biens Culturels) qui oeuvre pour la recherche des objets d’art volés.

1945, Allemagne, Schönau am Königssee, Des soldats US chargent dans un camion des oeuvres d’art volées de la collection de Hermann Goering © Flickr
Une nouvelle base de données constituée d’objets d’art disparus vient d’être ouverte par l’organisme britannique Art Recovery. Ce fichier permettrait de faciliter les transactions importantes du marché de l’art, selon le PDG Christopher Marinello.
L’idée est en effet d’avoir la possibilité de contrôler une oeuvre d’art avant sa mise en vente. Le but étant de vérifier que cette dernière ne fait pas l’objet d’un vol ou d’un recel. Pour cela, il leur suffit de s’abonner à la base Art Claim DataBase.
Le trafic d’oeuvres d’art a toujours existé, cependant, de nombreux dispositifs sont déployés afin d’éradiquer ces crimes. Aujourd’hui, grâce aux progrès de la technologie et à la volonté des passionnés, les artistes n’ont pas dit leur dernier mot.