
Malala Yousafzai, instrument de propagande de l’Occident ?

La semaine dernière, je m’interrogeais sur le prix Nobel de la paix et sur sa portée symbolique. En effet, ce prix a récompensé deux défenseurs des droits des enfants, Malala Yousafzai, la plus jeune lauréate de tous les temps, et Kailash Satyarthi, indien et hindou. Cette année 2014 a donc marqué la remise d’un prix infiniment politique. Mais s’il plait à l’Occident de croire encore à une réconciliation entre l’Inde et le Pakistan, cela fait longtemps que les concernés ont mis de côté l’idée. Pourquoi un tel discours ? Quelles sont les raisons qui peuvent expliquer la volonté des pays de l’Ouest de livrer un message si utopique ?
Un Occident en quête de légitimité
Depuis qu’à 16 ans, Malala a été victime de la violence des Talibans qui n’ont pas hésité à essayer de la tuer, elle n’a eu de cesse d’être portée aux nues par l’Occident. Son histoire permet en effet de confirmer la légitimité de la lutte anti-terroriste menée par les pays occidentaux, de plus en plus contestée à cause des « bourbiers » irakien et afghan. Cependant, dans son pays, nombreux sont ceux à douter de la véracité de son histoire. De plus, le fait qu’elle vive et étudie aujourd’hui à Birmingham en Angleterre choque bon nombre de pakistanais et de pakistanaises, qui considèrent son départ comme une désertion et comme la preuve de son instrumentalisation. Sans tomber dans la théorie du complot, une chose est sûre : Malala est devenue un outil de propagande efficace dans la lutte contre l’ « Empire du mal », ce qui n’empêche pas les dérapages. Lors de sa visite à la Maison Blanche l’année passée, elle avait tenté d’aborder la question des drones au Pakistan. Le communiqué de presse qui en a découlé n’a pas abordé ce point de discussion entre l’adolescente et le couple présidentiel américain. Quand on sait que sous la présidence d’Obama, l’utilisation des drones est devenue presque banale, il n’ y a finalement rien de surprenant à cette attitude. Selon l’administration américaine, ils représenteraient le meilleur moyen de contrer les menaces. Pas sûr que les Pakistanais et Pakistanaises pensent la même chose.
Une politique militaire contre-productive
L’usage des drones est de plus en plus contestée, car les victimes innocentes s’amoncellent. Ils sont aujourd’hui considérés comme de nouveaux instruments d’assouvissement, et leur mission de protection est de moins en moins crédible. Aujourd’hui, pour de nombreux pakistanais mais aussi de nombreux yéménites, le drone est un symbole de terreur car il ne cesse du tuer des innocents, sous prétexte de lutter à tout prix contre la menace d’Al-Qaeda. En décembre dernier, dans la province d’al Bayda au Yémen, des personnes assistant à un mariage ont trouvé la mort à cause d’un drone. Leur utilisation pourrait donc s’avérer contre-productive, puisqu’elle pourrait renforcer le soutien aux groupes extrémistes, dont le message est plus que jamais renforcé par cette politique de la terreur américaine.
Cette attitude des Etats-Unis montre bien la dualité de leur politique étrangère : soutenir le développement tant qu’il ne porte pas atteinte à leurs intérêts stratégiques.
À (re)lire: « Prix Nobel de la Paix, symbole d’espoir ou d’utopie?« et « Drone de combat: progrès ou menace?«