
Ouganda : La traque des homosexuels peut commencer

Depuis 2012 et la très controversée campagne « Kony 2012 », qui visait à arrêter Joseph Kony le chef de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) sous mandat d’arrêt international depuis 2005, l’Ouganda est la triste vedette des médias internationaux. Le pays dirigé depuis 1986 par le dictateur Yoweri Museveni, un homme dont l’immense richesse n’a d’égale que son autoritarisme, a mis en vigueur une loi qui promulgue la répression violente de l’homosexualité. Votée par une forte majorité au parlement puis signée le 24 Février dernier par le président Museveni, cette nouvelle législation fragilise un peu plus le respect des droits de l’homme et de l’égalité, en ouvrant la chasse aux homosexuels.
Une loi qui se rapproche de l’idéologie nazie
Déjà passibles de prison à vie, les relations homosexuelles étaient considérées hors la loi en Ouganda. Désormais c’est également la « promotion » de l’homosexualité qui est visée par cette législation tout comme le soutien aux homosexuels, rendant alors la délation obligatoire. Pour Desmond Tutu, le prix Nobel de la paix sud-africain, la loi s’apparente aux tentatives des nazis et de l’apartheid à « légiférer contre l’amour« . Refusant de signer la loi à quatre reprises, Yoweri Museveni entendait ne pas punir des personnes atteintes d’une « maladie ». Après avoir été convaincu par un groupe « d’experts », que l’homosexualité relevait du comportement et non d’une conséquence génétique, le président Ougandais souhaite ainsi s’opposer à ce qu’il nomme « l’impérialisme social« .
Plus inquiétante encore, fut la publication dès le Mardi 25 Février d’une liste de 200 personnalités homosexuelles d’Ouganda présumées par le tabloïd ougandais Red Pepper, qui s’instaure comme le relais de cette répression nationale haineuse.
La réaction de la communauté internationale
Certaines clauses de la loi ont renforcé l’indignation générale et notamment la clause des entreprises qui menace d’expulsion toute entreprise internationale si elle venait à protéger ses employés homosexuels ou défendre publiquement les droits de ces derniers. En conséquence, la Banque Mondiale a choisi, ce Jeudi 27 Février, de suspendre le prêt de 90 millions de dollars à l’Ouganda. De plus, le président de l’organisation internationale, Jim Yong Kim, a souhaité exprimer son inquiétude pour ses employés travaillant dans des pays réprimant l’homosexualité :
Nous faisons notre maximum et nous continuerons à le faire pour nous assurer que tous nos employés sont en sécurité, quelle que soit leur orientation sexuelle.
Tandis que l’Union Européenne a révélé « regretter » l’adoption de cette loi, le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, n’hésite pas à comparer cette législation aux régimes nazi et de l’apartheid :
Si vous regardez les juifs ou les noirs à travers cette législation, c’est comme si vous étiez dans l’Allemagne des années 1930 ou dans l’Afrique du Sud sous l’apartheid dans les années 1950, 1960.
Les Etats-Unis ont également annoncé, sans grande clarté, que cela aurait des conséquences sur l’aide américaine de 485 millions de dollars, délivrée à l’allié ougandais.
Enfin, dans une lettre ouverte adressée aux présidents nigérian Goodluck Jonathan et ougandais Yoweri Museveni, le chef de l’église anglicane a tenu à insister sur la position contestataire de la religion vis à vis de cette institutionnalisation de l’homophobie.

Le président ougandais Yoweri Museveni (AFP/Carl Court)
La mobilisation internationale
L’organisation All Out s’est engagée dans une campagne médiatique avec une pétition qui rassemble plus de 300 000 signataires, destinée aux gouvernements internationaux, aux représentants religieux et aux multinationales, afin d’influer sur leurs relations diplomatiques avec l’Ouganda, dans l’espoir d’abroger la loi.
Pour soutenir la pétition All Out visant à annuler la loi du 24 Février 2014, cliquez ici.
Pour consulter l’intégralité de la loi, cliquez ici.
(Source : AFP/Le Monde/Jeune Afrique)
Terrifiant!