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Quand les restaurations d’œuvres d’art tournent mal

Quand les restaurations d’œuvres d’art tournent mal

Restaurateur d’œuvres d’art, un métier qui fait rêver, un métier difficile. La responsabilité du respect de l’oeuvre, de l’artiste, n’est pas toujours honorée. Ce qui amène parfois à des résultats pour le moins surprenants. La récente restauration du masque funéraire du pharaon Toutankhamon, au musée du Caire, en est l’un des exemples les plus marquants. Alors, qui se cache derrière ces couacs, et comment peut on en arriver à ces résultats ?

Au départ, la restauration signifie avant tout : valoriser l’œuvre, lui rendre son aspect initial. En bref : faire en sorte de gommer les effets du temps. Qu’il s’agisse de peintures, de sculptures, d’œuvres sacrées, la responsabilité engagée est grande. Pourtant, au fil du temps, certaines restaurations n’ont pas donné le résultat escompté.

La plus récente

Récemment, au Caire, le célèbre masque funéraire du pharaon Toutankhamon a fait parler de lui. Un filet de colle grisâtre a été remarqué au niveau de la barbe du pharaon, composée d’or et de verre. Le masque est malencontreusement tombé, lors d’un réaménagement de la vitrine du musée. Selon des spécialistes, cet incident est réversible, les traces de colle vont faire l’objet d’un travail minutieux, mais le masque, vieux de près de trois mille ans. Une enquête destinée à identifier le responsable et les circonstances de cet incident a été ouverte par les autorités égyptiennes.

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Toutankhamon – © Flickr

La plus éloquente

En 2012, une octogénaire, Cecilia Gimenez, avait entrepris la restauration du portrait du Christ, l’  « Ecce Homo », du peintre espagnol Elias Garcia. Réalisée sans autorisation, l’œuvre initiale avait complètement disparu, laissant place à un portrait qui plongera le monde entier dans la plus grande perplexité.

Les dessous de la restauration artistique

Ces restaurations soulèvent donc de nombreuses questions. Comment des œuvres d’art peuvent elles tomber entre des mains inexpérimentées, quelle est la surveillance et l’expertise apportée à ces travaux délicats ?

En France, toutes les cathédrales étant classées monuments historiques, la restauration des œuvres présentes en leur sein sont prises en charge par l’Etat. Chaque restauration est soumise à l’établissement d’un diagnostic, et d’un devis. Cependant, certains monuments historiques rendent leur entrée payante, les fonds mis à disposition par l’Etat n’étant pas toujours suffisants. En France, même si cette question a été soulevée, elle ne reste qu’à l’état d’hypothèse. L’Eglise Française s’oppose farouchement à cette mesure.

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Restauration ratée d’une fresque du XIXe siècle

Il n’existe pas de règlementation internationale

Chaque pays possède ses propres procédures. En 2010, la revue française des sciences sociales publiait une étude réalisée par un collectif de doctorants sur la restauration d’œuvres d’art. Les différences entre le traitement de ces travaux en France, et leur traitement aux Etats-Unis révèle ainsi certaines différences. D’après cette étude, 85% des restaurateurs français sont indépendants, tandis qu’outre-Atlantique, 65% des restaurateurs sont des salariés de musées. Les musées américains sont d’ailleurs, dans la plupart des cas, équipés d’ateliers, à la différence des musées français.

Dans un cas comme dans l’autre, il convient de bien distinguer le rôle de chacun. Le conservateur étudie les œuvres, les documente et les classe. Le restaurateur quant à lui, et la personne qui intervient directement sur l’œuvre afin de tendre à lui rendre son aspect initial. Au sein des musées français, les travaux sont administrés par les conservateurs. C’est à dire qu’ils collectent les demandes des musées, établissent les demandes de devis, planifient et suivent le travail des restaurateurs. A l’inverse, aux Etats-Unis, ce sont les restaurateurs eux-mêmes qui dirigent les travaux de A à Z.

La préservation du patrimoine culturel, qu’il s’agisse de monuments, de site ou d’œuvres d’art, est très règlementée, et ce, à l’échelle internationale. S’il existe une charte internationale en ce qui concerne la protection des sites et monuments, la protection des œuvres d’art et abordée différemment selon leur localisation. Les restaurations sauvages restent des cas rares. En France, la « loi musées » de 2002 interdit la restauration aux personnes non diplômées. Que l’œuvre appartienne à la municipalité, ou qu’elle dépende de l’Etat, rien n’est laissé au hasard.

A propos de l'auteur

Melissandre Briansoulet

Titulaire d'un diplôme européen d'études en journalisme, je suis touche à tout, mais je m'intéresse tout particulièrement aux thématiques culturelles.

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