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Le viol, l’arme de guerre qui détruit en masse

Le viol, l’arme de guerre qui détruit en masse

Lors de chaque conflit armé, et ce partout dans le  monde, la même histoire se répète : des femmes, quelquefois enceintes, des jeunes-filles et même des enfants se font violer. Le viol est souvent perpétré à des fins stratégiques et représente une véritable arme de guerre, dont les civils sont les premières cibles. Il peut avoir plusieurs objectifs dont la destruction des communautés et la recomposition ethnique. C’est notamment ce qui s’est passé lors de la guerre de Bosnie-Herzégovine avec une volonté des autorités serbes de « mélanger les sangs », comme l’explique Isabelle Lasserre, envoyée spéciale du Figaro lors du conflit[1]. Du jugement des atrocités de cette guerre par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie naîtra l’idée du viol comme outil de massacre.

Mise en place d’une législation onusienne

Dans sa résolution 1820 de 2008, le Conseil de sécurité de l’ONU reconnait que les violences sexuelles peuvent représenter « un crime de guerre, un crime contre l’Humanité ou un élément constitutif du crime de génocide »[2]et demande à ce que des mesures de protection des civils soient mises en place. Cela passe entre autres par l’imposition de « sanctions disciplinaires militaires appropriées »[3] et par l’observation du « principe de la responsabilité du supérieur hiérarchique »[4], le tout reposant sur une tolérance zéro. La notion de crime contre l’Humanité, apparue pour la première fois à l’occasion des procès de Nuremberg, repose sur l’idée que tout acte ainsi qualifié est considéré comme imprescriptible. Ainsi, les viols commis en masse sont à tout moment condamnables, même si le temps ne joue jamais du côté des victimes.

Il y a quelques mois, une réunion portant sur les violences sexuelles en temps de guerre s’est tenue à Londres. Angelina Jolie, représentante du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, a de nouveau appelé à renforcer le droit international sur la question. Elle a été soutenue par William Hague, ministre des affaires étrangères, qui a présenté un protocole visant à mettre en place des procédures permettant d’aider au mieux tous les personnes travaillant sur les crimes sexuels dans un contexte de guerre.

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Combattre la « culture du viol »

Tchétchénie, Bosnie-Herzégovine, République du Congo, Lybie, ou encore Syrie, les viols de masse font partie de tactiques de guerre bien définies. À chaque fois, des femmes, mais aussi des hommes et des enfants sont agressés sexuellement afin de servir les intérêts des différents acteurs prenant part au conflit. Ces violences produisent des conséquences tragiques sur le long terme, et ce même une fois la guerre terminée. Le Libéria, brisé par quatorze années de guerre civile, en est un exemple frappant. D’après Nicola Jones, chercheur au sein de l’Organisation pour le Développement en Outre-Mer (ODI), considère que « la guerre peut créer un environnement dans lequel les violences sexuelles sont normalisées. Après la guerre, les hommes sont souvent agressifs, « hyper-masculins » et combattent pour s’adapter en temps de paix »[5]. Au Libéria, ce sont les enfants les premières victimes de cette hyper-masculinité. Pour mettre fin à cette culture du viol, leurs traumatismes doivent être pris en compte avec sérieux afin que ces enfants ne reproduisent pas les violences subies une fois adultes. Et surtout, il faut tout mettre en place pour pouvoir condamner les auteurs de violences sexuelles. Le protocole présenté à la réunion de Londres a été créé dans ce but: il explique entre autres comment prélever des preuves physiques de viol et mettre en confiance les victimes afin de permettre d’arrêter les violeurs le plus rapidement possible. Il reste maintenant à espérer que ce protocole soit effectivement pris en compte par les acteurs travaillant sur le terrain, et que l’armée et la police, malheureusement souvent impliquées dans les crimes sexuels en temps de guerre, fassent le ménage dans leurs rangs, et ce quoiqu’il en coûte à leur image. Affaire à suivre.


[1] (D). Denis, « Le viol, l’autre arme des destruction massive », http://www.slate.fr/story/42885/viol-arme-guerre

[2]  « L’ONU fait du viol un crime contre l’Humanité », http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2008-06-20/l-onu-fait-du-viol-un-crime-contre-l-humanite/924/0/254740

[3] Communiqué de presse de l’ONU, « Le Conseil de sécurité exige des parties aux conflits armées qu’elles mettent fin à tous les actes de violence sexuelle » http://www.un.org/press/fr/2008/CS9364.doc.htm

[4] Idem

[5] « Liberia : des viols dus à une culture de l’hyper-masculinité héritée de la guerre », http://www.jeuneafrique.com/actu/20140609T191050Z20140609T191029Z/

A propos de l'auteur

Marie-Caroline Nivaigne

Auteure passionnée et touche-à-tout, je prends plaisir à user de mon merveilleux clavier d'ordinateur pour rédiger des articles divers et variés. Et comble du comble, mon clavier a l'air d'aimer ça.

1 commentaire

  1. Anne-Marie

    Bonjour
    J’écris un roman qui se passe dans l’imaginaire : du féminin blessé au Féminin sacré.
    Puis je recopier un passage de cet article en notant vos coordonnées évidemment?
    Je vous remercie de l’attention que vous apporterez à ma demande et vous présente mes salutations.
    Anne-Marie

    Dans sa résolution 1820 de 2008, le Conseil de sécurité de l’ONU reconnait que les violences sexuelles peuvent représenter « un crime de guerre, un crime contre l’Humanité ou un élément constitutif du crime de génocide. (…) Après la guerre, les hommes sont souvent agressifs, « hyper-masculins » et combattent pour s’adapter en temps de paix.

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